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Éthique et changement climatique Olivier Abel, Édouard Bard, André Berger... [et al.] ; coordination Philippe Bordeyne, Pierre Léna et Michael Oborne
Face au changement climatique, quelle est la responsabilité des scientifiques, des économistes et des décideurs politiques ? Celle des philosophes, des moralistes, des théologiens ? Enfin, celle de chacun d'entre nous ? Cette question, qui interroge l'éthique, n'a encore été que rarement abordée en France.
Préparé à l'issue d'un colloque tenu à Paris en 2009, cet ouvrage conjugue des éclairages scientifiques, philosophiques, moraux et théologiques mis à la portée de tous. Il souligne la nouveauté et l'urgence de la réflexion éthique sur une question qui engage profondément le devenir de l'humanité, et tout particulièrement celui des plus démunis, qui seront aussi les plus vulnérables face à ce bouleversement déjà amorcé. Car si l'être humain peut aimer le bien et être capable de se mobiliser collectivement pour une cause universelle, il peut aussi tendre à se rétracter sur des positions individualistes, surtout lorsqu'il lui faut s'extraire de l'immédiat pour se préoccuper du sort des générations futures.
Toutes les traditions de pensée sont conviées à cette indispensable et urgente réflexion, qui associe enjeux planétaires et enjeux individuels. Puisse cet ouvrage y contribuer utilement.
Zénaïde Dervieux :
Zénaïde Dervieux est ingénieure en agro-développement international et titulaire d'un Master 2 en Anthropologie de l'environnement du Muséum National d'Histoire Naturelle. Son projet de thèse porte sur l'intégration des pratiques et savoirs locaux dans les efforts de conservation et de développement. Elle a notamment travaillé au Zimbabwe sur les perceptions des changements climatiques à la périphérie du Parc National de Hwange au sein du Laboratoire d'Eco-anthropologie et d'Ethnobiologie (CNRS/MNHN).
Souvent abordée par le prisme des sciences naturelles, la question du climat est devenue un enjeu politique et économique planétaire qui mobilise l'éclairage de disciplines bien différentes. Si l'on connaît déjà les positionnements des climatologues sur l'objet du changement climatique, quels sont ceux des économistes, des théologiens et des philosophes?
La force de cet ouvrage est d’intégrer la question éthique aux réflexions sur le changement du climat. Pour le climatologue et le géophysicien, qui s'attachent à vulgariser les conclusions parfois complexes des études du GIEC, il s'agit surtout ici de discerner le vrai du faux. Pour l’économiste, la finitude des ressources naturelles distingue le bien environnemental du bien classique. Dans la mesure où les économistes estiment que les générations futures seront plus riches que nous, comment justifier de se sacrifier pour leur avenir? La valeur de l'environnement au bien être des générations futures, est un élément clé de l'analyse économique puisqu'elle seule permettra la transmission d'une nature en bon état. Pour le théologien, la responsabilité de laisser ce monde habitable par ceux qui suivront reste grandement sous-estimée par les sociétés. Il devient crucial d'enclencher une reconversion ambitieuse qui déconstruise le mythe occidental selon lequel l'histoire de notre planète se réduit à l'histoire de la croissance. Enfin, pour le philosophe, il s'agit principalement de se questionner sur un accord possible entre les hommes, qui les conduiraient à identifier la voie vers un mieux-vivre.
Tant par ses qualités pédagogiques que réflexives, cet ouvrage propose une réflexion scientifique inédite sur la responsabilité des sociétés savantes dans leur façon de penser le changement climatique. On regrettera cependant que ces contributions relèvent moins d'une réelle collaboration interdisciplinaire que d'une juxtaposition d'idées, d’autant plus que la table ronde en fin d'ouvrage fait interagir des auteurs différents de ceux qui se répartissent un à un les chapitres de cette restitution.