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A l’heure où l’homme se penche sur la biodiversité actuelle, et donc sur la biodiversité passée et future, la Collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle vient rappeler que depuis la naissance des sciences de la nature, le recensement du vivant a été la tâche essentielle du travail naturaliste.
Créée au XVIIe siècle par Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, entrée dans les collections royales en 1660, confiée à la Bibliothèque du Muséum en 1793 par le décret fondant l’Etablissement, la Collection des vélins compte aujourd’hui plus de 7000 pièces réunies dans cent-sept portefeuilles, fruit d’un travail de plus de trois siècles pour répertorier plantes et animaux.
Sur un vélin, parchemin fin, souple et léger, fabriqué à partir de la peau de veau mort-né, le dessinateur fixe l’image des collections botaniques présentes notamment dans le Jardin du roi devenu en 1793 le Jardin des Plantes. L’artiste travaille à partir du vivant, sous la direction de botanistes qui contrôlent l’exécution et l’exactitude scientifique du dessin et de sa mise en couleurs. Si les conditions de réalisation sont mal connues, les représentations du port des organes, de la consistance des tissus, des perspectives et des reflets laissent penser que les études préliminaires étaient faites d’après la plante fraîche, coupée ou en pleine terre. Les planches comportent souvent des analyses de la fleur dont les parties sont finement représentées, parfois agrandies. Ces peintures à l’aquarelle allient ainsi précision scientifique et virtuosité artistique.
Les plus anciens vélins sont datés de 1631 et 1632. La collection s’accroit régulièrement par commande royale puis, à la création du Muséum, par commande de l’Assemblée des professeurs, et ce jusqu’au milieu du XIXe siècle. L’apparition de la photographie, de nouveaux centres d’intérêt de la recherche en sciences naturelles mettent fin à l’accroissement de la collection.
Au XIXe siècle, les vélins étaient fréquemment consultés, comme en témoignent les archives de la bibliothèque ; ils servaient de matériel d’étude pour l’enseignement au Muséum. Aujourd’hui, la fragilité du vélin à la lumière, aux variations de température et d’hygrométrie limitent la présentation des documents originaux au public. La Direction des bibliothèques et de la documentation a numérisé l’intégralité des vélins, visibles en ligne sur sa bibliothèque numérique.
Dans cet ensemble artistique et scientifique unique au monde figurent des représentations d’orchidées peintes du XVIIe au XIXe siècle. A l’occasion de l’exposition Mille et une orchidées qui s'est tenue dans les Grandes Serres du Jardin des plantes du 11 février au 7 mars 2016, elles ont été présentées dans leur intégralité au public pour la première fois sous la forme de reproductions.
Cette présentation a été l’occasion de faire appel à l’expertise de Denis Larpin, responsable scientifique des collections végétales vivantes tropicales, et Marpha Telepova, botaniste spécialiste des orchidées, au département des jardins botaniques et zoologiques du Muséum. En effet, les vélins portant les noms scientifiques des orchidées utilisés au moment de leur création, un important travail de mise à jour de la dénomination scientifique de l’espèce et d’identification a été mené par les deux botanistes.
Sur leurs conseils, elles ont été ordonnées en fonction de leur origine géographique : régions tropicales, boréales, tempérées, méditerranéennes. L’exposition montre ainsi la richesse et la diversité des orchidées présentes sur le territoire français, aussi bien en métropole que dans l’outremer français, mais aussi la beauté exotique des orchidées tropicales originaires d’Afrique, des Amériques, de l’Asie et de l’Océanie.
Si la moitié de ces 71 aquarelles est anonyme, l’exposition présente les œuvres d’une longue série de peintres de fleurs qui se sont succédé pour enrichir la Collection des vélins : le peintre-miniaturiste Nicolas Robert (1614-1685), auteur de la célèbre Guirlande de Julie dont le manuscrit est conservé à la bibliothèque nationale de France, Claude Aubriet (1665-1742), formé à l’école de Tournefort qu’il avait accompagné dans son voyage au Levant en 1700-1702, Madeleine-Françoise Basseporte (1701-1780), miniaturiste et professeur de dessin des filles de Louis XV, Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), surnommé le « Raphaël des fleurs » et auteur des fameuses Roses , Pancrace Bessa (1772-1835), Adèle Riché (1791-1878), Edouard Maubert (1806-1879), Charles Cuisin (1832-1900), Alfred Riocreux (1820-1912)… Cet ensemble témoigne de la diversité des talents au service de la représentation scientifique.
C’est à la visite d’un jardin d’orchidées idéal que nous convient les artistes et les botanistes qui ont œuvré à garder un témoignage scientifique et artistique de la variété des espèces d’orchidées pendant près de trois siècles.
L'exposition Orchidées sur vélins a été présentée sur les grilles de l’École de botanique du Jardin des Plantes en 2016, au Jardin exotique botanique de Menton et à l'Harmas de Fabre en 2017.
Elle a également été présentée en 2016 dans les Jardins botaniques de Singapour à l'occasion du Voilah ! French festival in Singapore.
bibliographie sur l'exposition Orchidées sur vélins
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