Portail documentaire du Muséum

C'est à l'Harmas de Sérignan-du-Comtat (Vaucluse), sur les lieux même de leur exécution, qu'une exposition proposa en 2012 de découvrir une sélection d'aquarelles de champignons de Jean-Henri Fabre (1823-1915).

Jean-Henri Fabre (1823-1915)

Jean-Henri Fabre fut à la fois savant entomologiste et botaniste, précurseur de l’éthologie, peintre et conteur, musicien et poète, philosophe. Il est né le 21 décembre 1823 à Saint-Léons dans l’Aveyron près de Millau. C’est à Sérignan-du-Comtat, petit village près d’Orange et d’Avignon, dans sa propriété qu’il nomme « l’Harmas », achetée en 1879 et où il réside jusqu’à sa mort en 1915, que Jean-Henri Fabre poursuit ses observations naturalistes, rédige ses célèbres Souvenirs entomologiques et peint près de 700 aquarelles. Les aquarelles de Jean-Henri Fabre entrent au Muséum en 1922, lorsque l’Harmas - immeuble, mobilier, objets et collections – devient propriété de l’Etat placée sous la tutelle du Muséum.

La palette d'un grand naturaliste

Dans ses Souvenirs entomologiques, Jean-Henri Fabre émaille son propos de souvenirs autobiographiques. C’est ainsi qu’il nous présente son projet d’aquarelles de champignons :

À Sérignan, mon étape finale, ils m’ont prodigué leurs séductions, tant ils abondent sur les collines voisines, boisées d’yeuses, d’arboursiers et de romarins. En ces dernières années, telle richesse m’a inspiré un projet insensé, celui de collectionner en effigies ce qu’il m’était impossible de conserver en nature dans un herbier.
Je me suis mis à peindre, de grandeur naturelle, toutes les espèces de mon voisinage, des plus grosses aux moindres. L'art de l'aquarelle m'est inconnu. N'importe ; ce que je n'ai jamais vu pratiquer, je l'inventerai, m'y prenant d'abord mal, puis un peu mieux, puis bien. Le pinceau fera diversion au tracas de la prose quotidienne.

(Souvenirs entomologiques, 10ème Série, 1907)

L’essentiel de son œuvre iconographique concerne donc la flore du Vaucluse : Sérignan surtout, mais aussi les environs d’Orange et d’Avignon. Grâce aux envois de son fils Emile, qui habitait Marseille, il a pu dessiner des champignons récoltés à Toulon et Sallanches, dans les Alpes, où se trouvait la famille de l‘épouse d’Émile, Jeanne Louise Leidier.

Un mycologue averti

L’entomologiste était aussi un mycologue averti… En 1937, dans la Revue de Mycologie, les aquarelles sont ainsi présentées :

Ces planches sont admirablement exécutées. Elles témoignent d’un sens artistique certain, d’une main très adroite et d’une vision très sûre des caractéristiques essentielles du champignon considéré. En même temps que le travail d’un botaniste très au courant des caractères permanents et transitoires de la plante, c’est l’œuvre d’un excellent artiste…

Ces œuvres remarquables, sorties de leurs cartons au moment de leur redécouverte dans les années 1950, ont alors été étudiées par le Professeur Roger Heim, directeur du Laboratoire de cryptogamie du Muséum. Roger Heim a vérifié les dénominations de Fabre et mis à jour la nomenclature.

Une exposition à l'Harmas

La Bibliothèque centrale du Muséum conserve aujourd’hui les archives et la collection d’aquarelles mycologiques de Jean-Henri Fabre. Cette collection se compose de 610 aquarelles. Elle a été enrichie en 2014 par 9 planches représentant des champignons et une poterie et en 2015 par une planche représentant des champignons acquise avec le soutien de la Société des Amis du Muséum et du Jardin des Plantes.

Pour la deuxième année consécutive, à l’Harmas de Sérignan-du-Comtat, à 8 kms d’Orange et 40 kms d’Avignon, sur les lieux même de leur exécution, une exposition a présenté une sélection d’aquarelles de champignons de Jean-Henri Fabre (1823-1915), dans un espace dédié, présentant au total 60 planches.