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Au 16e siècle, la conquête de l’Amérique ouvre aux Européens un champ presque infini de découvertes, issues du milieu naturel ou héritées des populations autochtones. Savez-vous quel était, après l’or et l’argent, le produit à la plus forte valeur marchande ? Un insecte originaire du Mexique aux propriétés tinctoriales inégalées, qui permettait d’obtenir rouge, écarlate, cramoisi et carmin pour colorer les textiles : une cochenille, appelée nocheztli en langue nahuatl, et grana par les conquérants espagnols. Séchée, réduite en poudre, mêlée à un mordant d’origine végétale ayant fonction de fixatif, elle colora de rouges vifs les costumes de l’aristocratie européenne, après ceux des souverains de l’empire Inca.
Comme l'illustre la planche représentée ici, la cochenille mexicaine est un parasite du cactus nopal, qui se nourrit de sa sève jusqu’à épuisement des ressources. Ce sont les femelles qui fournissent la matière colorante sous forme d’acide carmique, présent dans les parties musculaires. Deux types principaux existent : la sylvestre et la domestique, issue d’un travail de sélection pluriséculaire opéré par les populations de la Mixteca, région méridionale de l’actuel Mexique. Faute de sources, la datation de cette domestication nous reste toutefois inconnue.
Plusieurs espèces sont répandues à travers le monde, dont certaines employées pour leurs propriétés tinctoriales : la keria lacca, parasite de plantes à fleurs de la famille des rosacées, utilisée en Inde, Chine et Corée depuis plus de 4000 ans ; la kermès méditerranéenne, parasite du chêne, en usage avant l’Antiquité ; la porphyraca, colonisant les racines de graminées de la Pologne à l’Anatolie, utilisée dès avant le 8e siècle. Aujourd’hui remplacée dans l’industrie textile par des colorants de synthèse, le rouge cochenille est essentiellement utilisé comme colorant alimentaire, sous l’appellation E 120.
A consulter dans les bibliothèques du Muséum :