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« Celui qui ne voit rien d'étrange n'a jamais regardé un homard en face1», écrivait Auguste Villiers de l'Isle-Adam, qui croyait reconnaître dans ce crustacé l’incarnation du fantastique. Surnommé le « petit bleu » ou l’ « écrevisse de mer », le Homarus gammarus vit principalement dans l’Atlantique Nord-Est et dans la mer Méditerranée : il se plaît dans les fonds rocheux où il déniche sa nourriture et aménage sa tanière. Savourée depuis l’antiquité, la chair du homard était en revanche réputée indigeste au 18e siècle. C’est du moins ce que rapporte le médecin botaniste François Victor Mérat de Vaumartoise en 18372 .
Mais ce qui reste le plus surprenant chez le homard, c’est la couleur de sa carapace, d’un intense bleu marine virant au rouge sang dans la casserole. Celle-ci est en fait constituée de pigments orangés appelés astaxanthines. Chez le homard, ils sont liés à la protéine crustacyanine, de couleur bleue. Lorsque l’animal est plongé dans l’eau bouillante, la chaleur rompt les liaisons chimiques et laisse alors place au rouge-orangé. Avec l’aide de la chimie, on comprend mieux l’expression « rouge comme un homard » - même si l’écrevisse, à ce titre, l’emporte souvent dans l’imaginaire collectif !
Le vélin reproduit ici est l'oeuvre d'Emile-Théophile Blanchard, peintre naturaliste qui enrichit la Collection des vélins de nombreuses planches de zoologie.
A consulter dans les bibliothèques :
1 RAITT, Alain W. « Villiers de l'Isle-Adam et le fantastique » dans Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1980,n°32. p.229 (en ligne) [consulté le 22/11/2021]
2 PANAFIEU Jean-Baptiste de, Le bestiaire marin. Histoire et légendes des animaux des mers, Toulouse, Plume de Carotte, 2008, p. 72