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Gaston d’Orléans (1608-1660) est surtout passé à la postérité en raison des nombreux complots qu’il fomenta contre Louis XIII et Richelieu. Mais il fut aussi un esprit cultivé et éclairé, versé dans les sciences et les arts. En 1635, de retour de plusieurs années d’exil, il s’installa à Blois où il fit agrandir par Mansart le château gothique et Renaissance construit par les Valois. Il y ajouta une ménagerie, une oisellerie et un jardin botanique, pour lesquels il fit rechercher les espèces les plus rares. Il y constitua également un précieux cabinet de curiosités, composé de la plus importante collection européenne de médailles et d’antiques de l’époque ainsi que d’une belle bibliothèque, auquel il adjoignit l’exceptionnel ensemble de peintures sur vélins qu’il fit réaliser par Nicolas Robert.
Cet artiste originaire de Langres a 27 ans quand il entre au service du Prince. Il est déjà un peintre, un dessinateur et un graveur accomplis comme le prouvent les deux œuvres de jeunesse qui nous sont parvenues, Fiori diversi et La Guirlande de Julie, et son art s’inscrit à la rencontre de deux traditions : celle des recueils de fleurs, principalement destinés à fournir des modèles d’ornementation florale aux brodeurs, ferronniers, ébénistes…très vivante au début du XVIIe siècle, et celle de l’enluminure médiévale, à son apogée au XVe siècle quand - selon l’expression de François Avril - la peinture était dans les livres , dont le perfectionnement de la gravure avait précipité le déclin. Les œuvres qu’il réalise pour Gaston d’Orléans, sur des peaux de grande qualité, sont celles d’un artiste en pleine maturité : la précision du dessin, sa fidélité au modèle naturaliste, la minutie du détail, la somptuosité des couleurs, qui ont conservé, à près de quatre cents ans de distance, un éclat incomparable, la délicatesse du rendu des matières, la perfection de la finition, un art consommé de la composition, qu’il s’agisse de représenter un oiseau dans son milieu naturel, un bouquet d’anémones, ou, plus généralement un oiseau ou une fleur dans toute leur simplicité, tout concourt à faire de chaque feuille un véritable tableau enserré dans un mince filet d’or, dont s’affranchit parfois l’extrémité d’une feuille ou d’un pétale, d’une plume ou d’un bec.
A la mort de Gaston d’Orléans, en 1660, ses collections passèrent à son neveu Louis XIV. La collection des vélins, contenue alors dans cinq grands portefeuilles, intéressa vivement Colbert qui persuada le roi de la poursuivre. Nicolas Robert devint alors « peintre ordinaire du roi pour la miniature », charge qui lui rapportait 600 livres et l’obligeait à fournir 24 vélins par an, les feuilles supplémentaires lui étant payées en sus. Il poursuivit alors son activité à Paris, représentant les plantes du Jardin royal et les oiseaux des volières de Versailles, réalisant au total plus de sept cents vélins, dont près de cinq cents de botanique et plus de deux cents d’ornithologie.
Cet ensemble forma le noyau de la collection des vélins royaux, continuée jusqu’à la Révolution française, conservée dans le Cabinet du Roi au Louvre puis déposée à la Bibliothèque royale en 1718. Confiée en 1793 à la bibliothèque du Muséum national d’histoire naturelle par le décret de la Convention fondant l’Etablissement, elle connut un accroissement considérable pendant la première moitié du XIXe siècle et compte aujourd’hui plus de 7000 pièces réunies dans cent-sept portefeuilles.
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