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Présentée au Musée de la Vie romantique jusqu’au 29 octobre 2017, l’exposition Le pouvoir des fleurs, Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) présente, grâce à un partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle, de très nombreuses pièces précieuses conservées à la Bibliothèque centrale. Aquarelles sur vélin, dessins et ouvrages peuvent y être admirés et témoignent du talent de cet artiste qui a marqué l’histoire du Muséum, l’histoire de la botanique et l’histoire du livre pendant la période révolutionnaire et le premier tiers du 19e siècle
Morceaux choisis des œuvres prêtées par le Muséum.
Gérard Van Spaendonck (1746-1822), peintre du roi pour la miniature puis premier titulaire de la chaire d’iconographie au nouveau Muséum national à partir de 1793, est l’introducteur en France de la tradition néerlandaise de la peinture de fleurs. Il rencontre Pierre-Joseph Redouté au Jardin du roi alors que le jeune peintre originaire des Ardennes belges, arrivé à Paris en 1782, y réalise des modèles de fleurs qu’il propose au graveur Gilles-Antoine Demarteau (1570-1802) et devient son professeur et son mentor.
Le second mentor de Pierre-Joseph Redouté est Charles-Louis L’Héritier de Brutelle (1746-1800), qu’il rencontre également au Jardin du roi. Magistrat, amateur passionné élu à l’Académie des sciences en 1790, ce proche d’André Thouin (1747-1824) l’initie à la dissection botanique et le fait participer à l’illustration de son ouvrage Stirpes novae qui paraît en six livraisons entre 1784 et 1789. La planche de l’Arenaria balearica, ou Sabline des Baléares, est la première planche botanique publiée de Redouté, dans cet ouvrage qui décrit des plantes nouvelles collectées par Joseph Dombey (1742-1794), André Michaux (1746-1802) ou René-Louiche Desfontaines (1750-1833) et acclimatées au Jardin du roi ou dans les propriétés de L’Héritier de Brutelle.
Pierre-Joseph Redouté collabore aussi avec Charles-Louis L’Héritier de Brutelle pour l’ouvrage Geraniologia paru en 1792, dans lequel il fait la distinction entre les genres geranium, pelargonium et erodium. Dans ce dessin préparatoire on peut lire une annotation de L’Héritier de Brutelle qui attachait beaucoup d’importance à la qualité des dessins : « Redescendre les détails et laisser de la place pour le fruit et graine ».
Au Jardin du roi, Pierre-Joseph Redouté assiste son professeur Van Spaendonck dans la production des vélins, de façon non officielle, selon la tradition qui voit le titulaire de la charge de peintre en miniature du roi former un peintre plus jeune à sa succession. Cette aquarelle signée sur vélin, quasiment identique au caladium bicolor réalisé à la même époque pour la collection des vélins, témoigne de ce rôle de Redouté, qui perfectionne les techniques de Van Spaendonck, notamment dans l’utilisation de l’aquarelle pour la réalisation des dessins sur vélin. Après la création du Muséum national d'Histoire naturelle en 1793, Pierre-Joseph Redouté devient officiellement peintre pour la collection des Vélins, une fonction qu’il partage avec son jeune frère Henri-Joseph Redouté (1766-1852) et avec Nicolas Maréchal (mort en 1803). Il y contribue jusqu’à l’âge de 80 ans, produisant en tout plus de 600 vélins.
Premier ouvrage entièrement illustré par Pierre-Joseph Redouté, L’Histoire des plantes grasses est aussi un projet qu’il porte de bout en bout en gravant toutes les planches lui-même. Redouté s’intéresse aux plantes grasses, difficiles à conserver dans les herbiers, sur les conseils de L’Héritier de Brutelle qui le met en relation avec un jeune botaniste suisse alors étudiant au Muséum, Augustin-Pyrame de Candolle (1778-1841), à qui les descriptions sont confiées. Les quelques 187 planches de cactus, aloès et autres succulentes, gravées par Redouté lui-même au pointillé selon la technique qu’il a apprise et perfectionnée auprès du graveur Bartolozzi à Londres, sont publiées en 32 livraisons à partir de 1799. La quasi-totalité des dessins originaux sur vélins ont été achetés par le Muséum en 1847. Trente sont présentées dans l’exposition en trois sélections successives.
Formé au Jardin du roi, correspondant d’André Thouin et de L’Héritier de Brutelle, André Michaux a été envoyé en Amérique en tant que botaniste du roi, après plusieurs missions en Angleterre et en Perse, pour y étudier les arbres et rapporter des graines et plants destinés aux parcs de France. C’est son fils et collaborateur François-André Michaux (1770-1855) qui publie l’Histoire des arbres forestiers de l’Amérique septentrionale, en trois volumes parus entre 1810 et 1813. Pierre-Joseph Redouté réalise les illustrations et y fait participer son frère Henri-Joseph et ses élèves Pancrace Bessa (1772-1846) et Adèle Riché (1791-1878). Des dessins originaux conservés au Muséum sont présentés en trois sélections successives, à côté d’une part de l’herbier de Michaux et d’un exemplaire du livre imprimé.
La rencontre avec Etienne-Pierre Ventenat (1757-1808), botaniste de l’entourage de L’Héritier de Brutelle, marque une étape importante dans la carrière de Pierre-Joseph Redouté, qui réalise des planches pour la Description des plantes nouvelles et peu connues cultivées dans le jardin de M. Cels. Cet ouvrage décrivant les collections de plantes de Jacques Philippe Martin Cels (1740-1806) horticulteur et collectionneur proche de Jean-Jacques Rousseau, qui acclimate de nombreuses plantes exotiques dont celles envoyées d’Amérique par André Michaux, est suivi du Choix des plantes, dont la plupart sont cultivées dans le jardin de M. Cels. Les dessins originaux de ce second volume sont conservés à la bibliothèque centrale du Muséum.
Séduite par la Description des plantes nouvelles et peu connues cultivées dans le jardin de M. Cels, l’impératrice Joséphine qui collectionne à la Malmaison acquise en 1798 de nombreuses plantes nouvelles obtenues chez Cels ou grâce à l’expédition d’Egypte, commande à Etienne-Pierre Ventenat et à Pierre-Joseph Redouté son Jardin de la Malmaison, paru entre 1803 et 1805 en deux volumes comptant en tout 120 planches. Après cette publication très importante pour l’histoire de la botanique, Joséphine élève Ventenat au rang de botaniste de sa majesté l’impératrice et Redouté, qu’elle conservera sous sa protection jusqu’à sa mort, à celui de peintre officiel. Après sa mort prématurée en 1808, Ventenat est remplacé par Aimé Bonpland (1773-1858) qui publie la suite sous le titre Description des plantes rares cultivées à Malmaison et à Navarre (1812-1817).
Publiées en 80 livraisons entre 1802 et 1816, Les Liliacées sont une initiative de Redouté, qui consacre un ouvrage à cette famille dont la définition est alors bien plus large qu’aujourd’hui. Les dessins originaux, achetés par l’impératrice Joséphine, sont réalisés à l’aquarelle sur des grands vélins, à partir de spécimens du Muséum, de la Malmaison, ou des collections des horticulteurs Noisette et Cels. 18 graveurs différents participent à cet ouvrage qui constitue l’aboutissement du talent de Redouté. L’artiste précise dans le Discours préliminaire qu’il est le « seul propriétaire de l’ouvrage » et y expose sa théorie de l’illustration : « chacune des plantes sera représentée dans une planche coloriée avec la fleur et les détails de la fructification ; mais ceux-ci seront indiqués au bas de la planche par un simple trait en noir, afin que les accessoires ne nuisent point à l’harmonie de l’objet principal ». Il poursuit en évoquant sa contribution à l’art de l’illustration botanique : « de longues recherches sur la manière de graver la plus propre à recevoir l’impression en couleur, et de nombreux essais, m’ont démontré que l’art pouvait saisir et fixer l’éclat et les nuances variées que nous admirons dans ces fleurs », évoquant aussi « le degré de perfection auquel [il s’est] efforcé de porter l’imitation de la plus brillante famille du règne végétal ». Et de conclure : « je crois avoir atteint le but ».
Les fameuses planches des Roses sont publiées en plus de 30 livraisons entre 1817 et 1824 avec les notices de Claude-Antoine Thory (1757-1827), naturaliste indépendant. Les premiers dessins de l’ouvrage, dont l’ambition est de recenser le plus grand nombre de variétés, sont réalisés à la Malmaison qui renferme alors la plus importante collection de roses avec plusieurs centaines de variétés. Si la première édition est un succès, les deux suivantes sont des échecs commerciaux qui pèsent sur la fin de vie de Redouté, malgré l’achat des vélins originaux par Charles X qui les offre à sa belle-fille Marie-Caroline, élève de Redouté. Ces dessins sont aujourd’hui dispersés dans diverses collections.
A l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2017, les bibliothèques du Muséum proposeront un atelier sur Pierre-Joseph Redouté. Vous retrouverez les informations pratiques pour assister à cet atelier sur le portail documentaire des bibliothèques du Muséum, dès le début du mois de septembre 2017.
Publié en 2016 par les Editions Citadelles et Mazenod et le Muséum national d’histoire naturelle, sous la direction de Pascale Heurtel et Michelle Lenoir, l’ouvrage Les Vélins du Muséum national d’histoire naturelle retrace l‘histoire des vélins à travers 800 planches de la collection des vélins du Muséum. De nombreux vélins exécutés par Pierre-Joseph Redouté y figurent. A l'occasion de la sortie de l'ouvrage, les bibliothèques du Muséum ont publié sur le portail documentaire un article sur le livre Les Vélins du Muséum national d’histoire naturelle
Consultez les 8 volumes de Les Liliacées en version numérisée dans les collections numérisées des bibliothèques du Muséum